Lontani ma Vicini |  Rubrica a cura dei ragazzi dell’Istituto Sant’Apollinare durante il periodo del coronavirus

Meloni Elena, Prosperini Giulia, Santi Giulia
Liceo Linguistico

Sous la plume de…

Avant-propos
Durant ces premiers mois de l’année 2020, nous nous sommes retrouvés dans une situation particulière, inattendue et étrange. Notre vie est en train de basculer, la routine quotidienne est désormais brisée : il n’y a plus de distinction entre jour et nuit, entre beau et laid, nous sommes poussés à l’ennui, au désespoir et à une constante préoccupation pour notre prochain. Dans cette brève contribution à la rubrique de notre lycée, nous avons essayé d’imaginer comment deux des plus grands auteurs de la littérature française auraient su se réfugier dans l’écriture. Nous avons donc décidé de réinterpréter deux ouvrages de Guy de Maupassant et Michel de Montaigne en écrivant deux extraits contraposés : le premier caractérisé par l’irrationalité, la folie, la nostalgie propres de Maupassant; le second fondé sur la rationalité, la conscience, l’espoir caractéristiques de Montaigne. En effet, les deux écrivains dans leurs œuvres Le Horla et Les essais nous communiquent ces multiples aspects relatifs à leur vie, en nous offrant une prospective de la condition humaine.

Guy de Maupassant :
11 avril – Une terrible journée, toujours ici, constamment à la maison : je me demande si je ne suis pas devenu fou !! Pendant la matinée, j’ai été dans le jardin en essayant d’éloigner les pulsations négatives incontrôlées qui tourmentent mon être. Je cherche une solution, je ne la trouve point, j’aimerais comprendre pourquoi nous nous retrouvons dans une telle situation, je suis devenu fou, je me sens exploser, je veux sortir… Je ne contrôle plus mes émotions, c’est tellement bizarre : je regarde autour de moi et je vois le néant, pas de bateaux, des gens qui marchent, des poignées de mains. Le fait de ne pas pouvoir expulser de moi, ce qui de négatif prend le dessus, me fait ressentir une certaine mélancolie, une certaine tristesse, une peur de vivre, une certaine anxiété… Je voudrais partir, voyager a toujours été mon système pour échapper aux problèmes, et maintenant ? Je ne peux plus. Je me concentre sur l’écriture, seul cela peut désormais soulager mes pensées si obscurcies, je suis arrivé au point de ne plus pouvoir distinguer une feuille blanche d’un simple mur d’une pièce, parfois il me semble que les mots bougent, en produisant des phrases absurdes. Cela n’a plus d’importance. Ce qui me tourmente de plus en plus est de ne pas savoir si je suis fou ou si c’est le cas pour le reste du monde…

Michel de Montaigne :
Je suis le genre de personne qui, dans des moments comme ceux-ci, semble être le plus distant, le plus éloigné du monde ; je suis en réalité le genre de personne toujours poursuivi par la vie quotidienne et la précipitation, comme en témoignent mes nombreux voyages et mes nombreuses occupations actives en politique. Je suis le genre de personne qui, à partir de ce moment de distance du monde, prend une pause intérieure de ses obligations de citoyen du monde et qui choisit avec plaisir de se retirer en lui-même et de se concentrer sur l’idéal de vivre à propos, apprécier les petites choses qui nous entourent mais que nous ne percevons pas souvent. Le genre de personne qui, à partir d’un tel moment, sait accueillir et embrasser la solitude et se retirer avec plaisir, le genre de personne qui sentirait le temps passer entre les pages des livres, entre les murs de ma bibliothèque, ces murs où j’aimais me réfugier du monde. Enfin, je suis le genre de personne qui aime être écouté en toute transparence mais qui, dans des moments comme ceux-ci, décide de s’éloigner des masses et de garder le silence, un silence dont j’essaie d’apprécier chaque instant.